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Paris 2024 : les sportifs antillais contraints de s’exiler pour briller

Pour Kendrick Jean-Joseph, la décision de quitter son île natale afin de réaliser son rêve de devenir un champion d’escrime s’est imposée comme une évidence, dès l’âge de 15 ans. « Si j’avais pu rester en Martinique pour poursuivre ma passion, je l’aurais fait, mais vraiment, ce n’était pas possible », confie le sportif de 22 ans, auréolé de ses deux médailles d’or remportées aux Jeux mondiaux universitaires de Chengdu, en Chine, en août 2023.
Durant ses années de collège, le jeune épéiste s’exerçait au pôle espoirs de Martinique, où il bénéficiait d’un « super suivi scolaire ». Mais, avec l’entrée au lycée et un niveau d’exigence toujours plus élevé dans sa discipline, plus question pour lui de poursuivre les entraînements à Fort-de-France. « Au niveau des infrastructures, ça devenait limité », dit l’escrimeur.
Un inconvénient presque secondaire à ses yeux, par rapport au problème majeur : l’éloignement géographique de l’île, très contraignant pour participer à « des compétitions un peu partout en Europe ». Sans compter la nécessité d’intégrer un meilleur groupe d’entraînement. Kendrick Jean-Joseph a donc opté pour le pôle espoirs de Lyon. Un choix qu’il ne regrette pas.
En Guadeloupe, la sprinteuse Diana Iscaye aura attendu quelques années de plus, mais elle aussi a fini par partir, à 20 ans, après l’obtention de sa licence en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à l’université des Antilles. Elle s’est lassée des incessantes allées et venues entre différents sites : les cours au campus universitaire de Fouillole, à Pointe-à-Pitre, les entraînements quotidiens au Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (Creps), aux Abymes, et les séances hebdomadaires de musculation chez son coach, au Lamentin.
« Tout n’était pas à côté. J’ai décidé de partir en métropole parce que je cherchais une structure où les infrastructures sont mises à notre disposition pour optimiser nos performances », résume cette spécialiste du 200 et du 400 m, qui s’entraîne depuis 2018 au club d’athlétisme du pays de Fontainebleau (Seine-et-Marne) et a fait partie de l’équipe de France du relais 4 × 400 m lors des Jeux olympiques de Tokyo en 2021.
A l’instar de l’escrimeur martiniquais et de la sprinteuse guadeloupéenne, nombreux sont les espoirs antillais du sport contraints de quitter leur terre natale afin d’exceller dans leur discipline. Connue de longue date, cette situation suscite une certaine amertume mêlée de résignation au sein des clubs sportifs locaux et des instances dirigeantes du sport antillais.
« On a des irritants chroniques », constate Katy Doré, la responsable régionale de la haute performance à la maison régionale de la performance de Martinique. Outre la qualité et la quantité insuffisante des équipements sportifs, il y a l’insularité, qui renchérit considérablement les voyages : « 730 euros en moyenne par personne pour un déplacement », explique Mme Doré, qui évoque des « difficultés existentielles » pour les clubs sportifs antillais.
Ceux qui ne se laissent pas décourager par ces contraintes se comptent sur les doigts d’une main, alors que la délégation française aux Jeux de Tokyo comptait une quarantaine d’Antillais. « Nous ne sommes que trois athlètes à être restés chez nous », affirme le sprinteur martiniquais Ludvy Vaillant à l’issue d’un entraînement au stade Louis-Achille, à Fort-de-France.
Diplômé d’une école de kinésithérapie, le médaillé d’argent au relais 4 × 400 m aux championnats du monde à Budapest, en 2023, explique refuser de quitter son île par « volonté militante », même s’il reconnaît volontiers que ce n’est « pas forcément le choix de la facilité ».
Vivre aux Antilles permet tout de même au sprinteur de bénéficier à l’année d’un climat propice pour « performer » et d’une alimentation riche en fruits frais en toute saison. « On peut s’entraîner en Martinique, assure le vice-champion du monde, à l’orée de ses 29 ans. J’ai apporté ma pierre à l’édifice : il en reste pas mal à poser. »
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Jean-Michel Hauteville(Fort-de-France, correspondant)
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