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Lancé le 26 février, le mouvement de protestation des enseignants de la Seine-Saint-Denis se poursuit, jeudi 7 mars, avec un rassemblement qui a eu lieu à la mi-journée devant le ministère de l’éducation nationale.
L’intersyndicale départementale FSU, CGT, SUD, CNT et FO appelle notamment à un plan d’urgence avec la création de 5 000 postes d’enseignants et plus de 3 000 emplois de la vie scolaire. Parmi les revendications figurent aussi des seuils à 20 élèves par classe et la réfection des établissements vieillissants. Ils s’opposent également à la réforme du « choc des savoirs » qui reviendrait à « un tri des élèves », selon eux.
Annoncée par Gabriel Attal – alors ministre de l’éducation nationale – en décembre, la réforme prévoit la création de groupes de niveau à compter de la rentrée 2024 en 6e et en 5e pour le français et les mathématiques, et à partir de septembre 2025 en 4e et 3e.
Depuis une dizaine de jours, enseignants, élèves et parents mènent ainsi des opérations « école déserte » pour faire entendre leurs revendications. Ils ont également organisé mercredi une exposition photo des établissements du département les plus délabrés devant le siège de la région Ile-de-France, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
Dans un courrier transmis jeudi à la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, les députés « insoumis », socialistes et communistes de la Seine-Saint-Denis déplorent « la dégradation continue des conditions d’enseignement dans le département et de sa sous-dotation chronique face à ses voisins ». En Seine-Saint-Denis, un enfant perd en moyenne un an de cours sur toute sa scolarité en raison des absences d’enseignants non remplacées, selon la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE).
« Dans ce département, le plus jeune et le plus pauvre de France hexagonale, l’école ne se contente pas de reproduire les inégalités de naissance : elle les creuse, ce constat est révoltant », a alerté l’élu communiste de la Seine-Saint-Denis Stéphane Peu au cours des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, mercredi.
En réponse, la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, a affirmé que « c’est bien parce que ce département concentre tout à la fois de nombreux atouts et de vraies difficultés que nous y apportons une attention particulière et que des dispositifs spécifiques s’y sont déployés ». La ministre a également fait savoir que les personnels avaient « été reçus par la Dasen [la direction académique] et madame la rectrice de l’académie s’est également déclarée disponible pour les recevoir ».
Dans une interview à Libération, jeudi, le président du département, Stéphane Troussel (Parti socialiste), milite pour intégrer la Seine-Saint-Denis dans l’académie de Paris, et non plus dans celle de Créteil (Val-de-Marne), comme c’est le cas actuellement. Ce changement d’affectation permettrait « une mutualisation des moyens », « une plus grande attractivité pour les enseignants et une meilleure attractivité de l’école en général par la forte charge symbolique » de l’opération. Dans son département, « plus de 60 % des établissements sont en REP [réseau d’éducation prioritaire] et pourtant, les moyens alloués par l’éducation nationale sont parfois inférieurs à ceux des établissements des quartiers favorisés de Paris », regrette l’élu dans cet entretien.
Le Monde avec AFP
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